Extrait de l’interview de Michel DUCLOS, président de l’AICVF

Extrait de l’interview de Michel DUCLOS, président de l’AICVF

L’AICVF (Association des Ingénieurs en Climatique, Ventilation et Froid) met en place un groupe de travail sur la qualité de l’air intérieur. Avez-vous bon espoir que la ventilation prenne de l’importance dans le monde du bâtiment ?

La réglementation s’est arrêtée en 1982. A cette époque, il était remarquable de mettre en place un cadre réglementaire qui permette de ventiler les pièces humides. Mais aujourd’hui, il est largement dépassé.

Sans vouloir entrer dans une bataille de chiffres, avec près de 50 000 morts chaque année liées à la qualité de l’air intérieur, nous ne pouvons pas continuer à ventiler avec une simple prise d’air sur les menuiseries. Insufflation, entrée d’air filtrante, double flux… les solutions existent mais le cadre français ne permet pas de les déployer. Il est d’ailleurs impossible en France de respecter les normes européennes sur la qualité de l’air intérieur car le cadre réglementaire hexagonal ne permet pas de disposer de débits suffisants.

Nous avons créé un groupe de travail sur le sujet, et avec Franck Hovorka, président de Rehva – Fédération européenne regroupant 27 associations nationales d’ingénieurs en chauffage, ventilation et conditionnement d’air  – nous allons aller vers les ministères pour faire bouger les choses. Car, pour l’heure, dans la prochaine Réglementation Thermique, la qualité de l’air intérieur passe à la trappe…

Vous consacrez une journée à la PAC. Les éco-délinquants font-ils du mal à l’image de cette technologie ?

Malheureusement je crois que le problème commence bien avant l’éco-délinquant. Nous n’avons pas en France une culture de la maintenance. Résultat : les écarts entre les performances théoriques et réelles sont énormes. Il n’est pas rare de voir des ménages équipés de PAC avoir froid, tout en payant une grosse facture de chauffage. Avec la RT2012, nous avons vu une vague de CET (Chauffe Eau Thermodynamique) ou de VMC Double Flux s’abattre sur le logement neuf. Ce sont des équipements qui ont un filtre, mais combien ont vu un technicien venir le changer sur les 10 dernières années ?

C’est bien beau de gagner 1% de rendement sur un compresseur ou un échangeur, mais sans entretien de l’équipement, cela ne sert à rien.

Faut-il une obligation de maintenance ?

La mise en place d’une obligation de maintenance contraint à sortir au grand jour des sommes qui, jusqu’à présent, étaient cachées. Cela revient à dire au ménage : ne regardez plus uniquement le prix d’acquisition. Je ne suis pas certain que l’idée tente les pouvoirs publics. Néanmoins, dans une société où la location l’emporte sur l’achat, des offres d’abonnement mensuel incluant la pose et l’entretien pourraient faire évoluer positivement les choses.